lundi 22 janvier 2018

"Vers la lumière" de Naomi Kawase


Les films sont souvent sources d'inspiration pour les écrivains, pour maintes raisons. Celui-ci, une fois n’est pas coutume, est en relation directe avec le processus d'écriture puisqu'il traite de la difficulté à transmettre une scène par les mots. C'est une question que se pose évidemment tout écrivain : comment transmettre une scène avec la bonne distance ? Ici, la réponse est apportée par les seuls qui peuvent finalement  y répondre avec objectivité : les malvoyants.

"Vers la lumière" de Naomi Kawase parle du travail minutieux et patient qu'il faut déployer pour choisir les mots, de la difficulté à susciter des émotions chez chacun, à dévoiler le visible tout en ne le figeant pas dans une interprétation unique. On comprend que l’exercice est difficile quand on assiste à la confrontation entre une audio-descriptrice de films, Misako, et des malvoyants qui critiquent son travail pour l’aider à faire évoluer son texte. Les malvoyants ont, comme on peut l’imaginer, une imagination féconde, une capacité à ressentir des émotions avec peu de mots. Ils ont une sensibilité exacerbée aux mots, et leur imagination est leur seul ressort pour donner corps à une scène. Ils ne  disposent pas de leurs cinq sens et sont dotés d'une hypersensibilité à ce qu’ils entendent pour compenser la cécité qui les paralyse. Ils sont avides de sensations ; ils ont besoin de mots justes et ils sont impitoyables quand la description de cette audio-descriptrice s’apparente à une transmission simpliste de sentiments. Ils le lui font remarquer avec leurs mots, sans détour. Un très bon film donc dans lequel Naomi Kawase nous livre sûrement ici ses doutes d’écrivain.

D'autres thèmes plus classiques comme la perte (celle du père), du temps qui passe, sont abordés, mais ce n'est pas ce qui a retenu mon attention. Une histoire d’amour lie l’audio-descriptrice à un des malvoyants, un photographe qui perd progressivement la vue. Tandis qu’elle ouvre les yeux sur le monde des malvoyants, une relation d'amour se noue. Naomi Kawase emploie des images fortes pour illustrer cet amour : il lui offre une photo très particulière. Elle lui demande de partager des souvenirs visuels qu’il a photographiés, qui lui rappellent son père disparu et son passé à elle.

J'ai moins aimé les plans trop serrés au mouvement saccadé (une ou deux scènes seulement), un peu comme je regrette les phrases trop hachées utilisées en littérature pour donner un style haletant et dont beaucoup d'écrivains abusent. Les plans serrés sur les visages sont saisissants ; on voit les creux, les irrégularités, les pores, la peau qui se colore ; le maquillage ou peut-être l’absence de maquillage met en scène des visages sur lesquels l’émotion est visible, ce qui rend les personnages très attachants.

lundi 15 janvier 2018

Merci


Cher tous,


Au terme de ces trois mois de publication indépendante, après cette trêve hivernale, je souhaite faire un premier bilan et surtout vous remercier pour vos lectures régulières et pour l’attention particulière que vous portez à mes propres écrits. Les outils de Google me permettent de voir quelles pages vous plaisent le plus. Et devinez quoi ? A ma grande surprise, il y a un accord complet entre mon appréciation et la vôtre, ce qui me ravit au plus haut point ! Quand j’aime beaucoup un passage, vous l’aimez aussi et c’est une très bonne nouvelle qui vous dispense presque de me laisser des commentaires ! Je dois reconnaître que cette cohérence me fait TRÈS plaisir et qu’elle est tout à fait inattendue ! Je rends donc hommage à ces outils statistiques qui me fournissent cette indépendance et me permettent de m’exposer à vos appréciations tout en poursuivant mon travail d’écriture sans avoir à me soumettre à des courants de mode ou à des contraintes commerciales quelconques.

J’ai aujourd’hui environ 180 lectures sur les dernières publications, ce qui après trois mois (en tant que parfaite inconnue dans le milieu éditorial) n’est pas si mal, et le jour où je publie un article au moins un tiers des lectures ont lieu ce même jour, le deuxième tiers ont lieu la nuit… Il est très agréable d’avoir accès à un lectorat par ma seule présence sur cette page.

Vous avez remarqué que je numérote certains passages car il s‘agit là d’extraits d’un livre en cours. Je vous ai livré la deuxième partie et la première arrive dans le prochain post. Pas mal de mes lecteurs sont basés en France mais j’en ai aussi en Irlande, Angleterre, USA et Singapour. La communauté francophone ou française dans le monde lit à toutes les heures mes textes même quand je dors et je suis consciente que mes rêves s’en souviennent.

L’extrait du journal d’une cuisinière que vous appréciez vient du livre précédent que j’ai écrit. Vous avez beaucoup aimé Priscilla et les flamants roses. Je vous présenterai également Estelle dans un prochain extrait et ces deux-là se rencontreront un jour par les hasards de l’existence. Estelle traversera l’Atlantique pour rejoindre Priscilla à New York. Depuis que j’ai écrit ces pages, je vois des flamants roses partout. J’ai même acheté une boule de neige avec un flamant rose qui trône sur un de mes nombreux bureaux nomades.

Je constate aussi que la source des vues viennent quelques fois de moteurs de recherche sans traçabilité comme duckduckgo que certains utilisent pour garder une indépendance de lecteur vagabond. Ayant fait beaucoup de belles découvertes grâce à des libraires et à des lecteurs avisés, je vous invite à vous rendre dans une BONNE librairie (il y en a … ) physique ou en ligne pour prendre des avis et acheter de bons livres. C’est une façon de financer la libre circulation des recommandations confidentielles et de sortir du cercle des critiques-écrivains-journalistes-éditeurs.

Je vous souhaite de belles lectures pour les années qui viennent. Je vous souhaite que les jours, heures, minutes et secondes de votre existence soient aussi intenses que vos lectures. Cette phrase je n’y crois pas du tout et pourtant je l’écris. Pourquoi ? Parce que je sais qu’en l’écrivant, je lui alloue un début de vérité. Je sais qu’en l’écrivant, je vais la faire exister devant ma rétine, et qu’à force ma rétine veillera à ce que cette vérité prenne forme.

Je vous souhaite également de remplir les blancs de votre mémoire de celle des autres et je de mêler votre mémoire à la mémoire universelle. C’est un vœu pieu que de vouloir se mêler aux autres, c’est un vœu chaste que de le faire à l’ombre de nos désirs, de nos fantasmes. C’est certainement un vœu d’avance assouvi quand on écrit puisque l’humanité est ainsi faite : les écrits se suivent, se mêlent et nul n’est capable de prédire quel impact un écrit peut avoir.

Tout peut arriver. Rien, jamais.

Rita.