Comme chaque jour depuis des millénaires, le soleil a disparu. Il a disparu à la vitesse d’une noix de beurre qui fond sur la poêle du monde. Un embrasement inversé comme une fissure au cœur du monde. Millions de têtes chaudes qui se pressent autour d’un repas, un fastueux repas de roi de Namibie, une poignée de riz dans une eau bouillante d’où émergent et disparaissent des tronçons de tiges creuses.
Au parc national d’Etosha, une lionne se dirige lentement vers sa tanière, avec les pattes d’un bébé zèbre qui s’agitent dans sa gueule.
Mais ici aucune de ces images ne survit. Ici les oiseaux dirigent le monde ; ils chantent le monde, écartent d’un coup d’aile le ciel qui n’est pas ciel, fendent d’un coup de bec un diaphane rideau de pluie, taisent les coups de gronde, aplatissent la terre où la douleur du monde est tapie entre chaque grain.
Une fois les oiseaux apaisés, une fois leur vaste tâche accomplie, un drap bleu couvre la surface de la mer. Ça et là des plis aux reflets moirés comme une paix qui se gondole.
Et soudain le bruit des vagues. Toujours présent mais maintenant envahissant ; un roulis, un rouleau vient, une vague s’élève se précipite, puis se retire tout doucement, inscrit quelques pages d’écumes ; de mystérieuses lettres crépitent et se dispersent avec un joyeux contentement.
Des mots sans poids, comme un mouvement de vagues, de faibles vagues et au fond, un murmure brillant se dilate, encore et encore, l’écorce du monde se craquèle, une pluie d’étincelles multicolores comme un souvenir de mer.
Puis le bruit des vagues se lève telle une eau jetée sur une poêle, un crépitement, les vagues ne sont plus que vent et rumeur du monde : un bruit de paradis. Une interminable fresque de bonheur.
Le monde rond déplie une fresque longue comme une vague.
Longue comme une vague.
Un frangipanier éclabousse l’air d’une furtive odeur sucrée. Très vite le parfum s’épanche, très vite il faut s’en approcher pour le saisir.
Une poêlée de fruits.
Le frangipanier sèmera quelques fleurs cette nuit. Demain, le parfum subsistera.
Puis il disparaîtra.
Je tends l’oreille à nouveau, je fonds dans l’interminable fresque, la fresque longue, la vague qui vient, qui revient. Un paisible souvenir creuse son lit.
Le monde rond déplie une fresque longue comme une vague.
Longue comme une vague.
Mais ici aucune de ces images ne survit. Ici les oiseaux dirigent le monde ; ils chantent le monde, écartent d’un coup d’aile le ciel qui n’est pas ciel, fendent d’un coup de bec un diaphane rideau de pluie, taisent les coups de gronde, aplatissent la terre où la douleur du monde est tapie entre chaque grain.
Une fois les oiseaux apaisés, une fois leur vaste tâche accomplie, un drap bleu couvre la surface de la mer. Ça et là des plis aux reflets moirés comme une paix qui se gondole.
Et soudain le bruit des vagues. Toujours présent mais maintenant envahissant ; un roulis, un rouleau vient, une vague s’élève se précipite, puis se retire tout doucement, inscrit quelques pages d’écumes ; de mystérieuses lettres crépitent et se dispersent avec un joyeux contentement.
Des mots sans poids, comme un mouvement de vagues, de faibles vagues et au fond, un murmure brillant se dilate, encore et encore, l’écorce du monde se craquèle, une pluie d’étincelles multicolores comme un souvenir de mer.
Puis le bruit des vagues se lève telle une eau jetée sur une poêle, un crépitement, les vagues ne sont plus que vent et rumeur du monde : un bruit de paradis. Une interminable fresque de bonheur.
Le monde rond déplie une fresque longue comme une vague.
Longue comme une vague.
Un frangipanier éclabousse l’air d’une furtive odeur sucrée. Très vite le parfum s’épanche, très vite il faut s’en approcher pour le saisir.
Une poêlée de fruits.
Le frangipanier sèmera quelques fleurs cette nuit. Demain, le parfum subsistera.
Puis il disparaîtra.
Je tends l’oreille à nouveau, je fonds dans l’interminable fresque, la fresque longue, la vague qui vient, qui revient. Un paisible souvenir creuse son lit.
Le monde rond déplie une fresque longue comme une vague.
Longue comme une vague.
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