Ce roman commence par une merveilleuse première page où le ton est donné : Tout n'est que beauté, la vie est un combat.
Prenez une fille sans amour ou si peu, et faites-lui traverser toutes les turbulences du début du vingtième siècle : l’affaire Dreyfus, la première guerre, la misère, les bas-fonds ; puis faites-lui vivre toutes les étapes d’une vie : la découverte de l’amour, des ruptures, des deuils. Vous aurez alors un récit d'apprentissage très original servi par une très belle écriture piquante et rythmée. Le choix de mots est surprenant et judicieux. Dans ce roman, on est loin des métaphores faciles et des associations de mots vues et revues. Vous serez tour à tour cajolé et brutalisé exactement comme l’héroïne Rose.
"Sa chevelure, libérée, se déploie, hirsute, volcanique et, un instant, elle a l'air idiot d'un diablotin. Sous le poids des boucles auburn, la crinière ploie et plonge enfin dans l'eau. René observe, il réfléchit. Le lac gèlera bientôt. La surface se crispera dès le crépuscule, une soie qui se gaufre." (p10)
Il y a de très belles pages qui décrivent un bébé à la fin du livre :
"L'enfant, comme un bélier, a frappé son crâne contre l'huis de ma poitrine. son crâne n'était pas fragile. Il n'avait rien d'une boîte. Il était opaque et dense comme du bois flotté, saturé de mucus et de rage. Chaud comme une brique mise au feu pour sécher l'humidité des draps" (p269)
Et comme tout est beauté dans ce livre, même le désespoir est beau :
"Vous n'attendez rien de personne. A force, c'est comme si vous n'étiez plus tout à fait humain. Vous persistez comme une branche persiste au bout d'une autre branche. Votre existence ne dépend pas de la satisfaction. Vous êtes sans appétit et, en cela, vous possédez une qualité quasi végétale." (p157)
Je l'ai lu il y a deux ans à sa sortie. J'ai corné pas mal de pages et j'y reviens souvent. Il a été édité depuis en livre de poche.
Prenez une fille sans amour ou si peu, et faites-lui traverser toutes les turbulences du début du vingtième siècle : l’affaire Dreyfus, la première guerre, la misère, les bas-fonds ; puis faites-lui vivre toutes les étapes d’une vie : la découverte de l’amour, des ruptures, des deuils. Vous aurez alors un récit d'apprentissage très original servi par une très belle écriture piquante et rythmée. Le choix de mots est surprenant et judicieux. Dans ce roman, on est loin des métaphores faciles et des associations de mots vues et revues. Vous serez tour à tour cajolé et brutalisé exactement comme l’héroïne Rose.
"Sa chevelure, libérée, se déploie, hirsute, volcanique et, un instant, elle a l'air idiot d'un diablotin. Sous le poids des boucles auburn, la crinière ploie et plonge enfin dans l'eau. René observe, il réfléchit. Le lac gèlera bientôt. La surface se crispera dès le crépuscule, une soie qui se gaufre." (p10)
Il y a de très belles pages qui décrivent un bébé à la fin du livre :
"L'enfant, comme un bélier, a frappé son crâne contre l'huis de ma poitrine. son crâne n'était pas fragile. Il n'avait rien d'une boîte. Il était opaque et dense comme du bois flotté, saturé de mucus et de rage. Chaud comme une brique mise au feu pour sécher l'humidité des draps" (p269)
Et comme tout est beauté dans ce livre, même le désespoir est beau :
"Vous n'attendez rien de personne. A force, c'est comme si vous n'étiez plus tout à fait humain. Vous persistez comme une branche persiste au bout d'une autre branche. Votre existence ne dépend pas de la satisfaction. Vous êtes sans appétit et, en cela, vous possédez une qualité quasi végétale." (p157)
Je l'ai lu il y a deux ans à sa sortie. J'ai corné pas mal de pages et j'y reviens souvent. Il a été édité depuis en livre de poche.
Ce Coeur changeant, Agnès Desarthe, Editions de l'Olivier, 2015.
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