Très chère Alice Zeniter,
Je viens de finir votre livre « l’art de perdre ».
Je vous avoue que j’avais peur d’acheter un énième livre écrit pour panser les blessures morales de notre pays, mais mes craintes se sont vite évanouies.
J’ai aimé votre livre parce qu’il a pris vie dès la lecture des premières pages. C’est tellement rare qu’il m’a paru important de vous
le dire. Ne pas chercher à plaire. Ne pas se plier au regard des autres. Voilà
une tâche bien difficile que d’écrire sans chercher à plaire quand on a atteint
une maturité d’écriture comme la vôtre. Votre histoire est bien documentée mais ce n’est pas suffisant
pour faire un bon livre. La documentation nombreuse dont nous sommes abreuvés
pousse beaucoup d’auteurs à écrire des livres épais, plein de détails, dont
aucun ne reste dans la mémoire une fois le livre refermé. Cette littérature
sans émotion abonde sur les étals des
libraires. Le vôtre présente des personnages attachants, qui ont une chair. Quelle meilleure
manière d’entrainer un lecteur dans une histoire que de le laisser cheminer
avec un cœur qui gonfle de page en page ? (Voilà une belle définition d’un
livre page turner : Un livre page turner est un livre où le cœur du
lecteur gonfle de page en page.)
Très chers lecteurs,
Vous l’avez compris, ce livre est un livre qui marquera
cette année 2017 et probablement les suivantes. Oubliez les promesses de
recherche d’identité, de grande histoire dans la petite histoire, ou alors
est-ce l’inverse… Ici, on ne nous raconte pas d’histoires, on nous fait un
récit humain qui nous touche tous. Le récit est déployé avec précaution ;
chaque détail important est regardé à la loupe. La seule
conclusion que l’on peut tirer de ce livre, une fois refermé, c’est que l’important
c’est d’écrire l’oublié ; il n’y a plus lieu de s’indigner, d’accuser, de se
repentir. L’important c’est d’écrire. C’est
tout un art que « L’art de perdre ».
L'art de perdre, Alice Zeniter, Editions Flammarion, 2017
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