dimanche 15 octobre 2017

L'art de Perdre d'Alice Zeniter (Editions Flammarion)

Très chère Alice Zeniter,

    Je viens de finir votre livre « l’art de perdre ». Je vous avoue que j’avais peur d’acheter un énième livre écrit pour panser les blessures morales de notre pays, mais mes craintes se sont vite évanouies. 
    J’ai aimé votre livre parce qu’il a pris vie dès la lecture des premières pages. C’est tellement rare qu’il m’a paru important de vous le dire. Ne pas chercher à plaire. Ne pas se plier au regard des autres. Voilà une tâche bien difficile que d’écrire sans chercher à plaire quand on a atteint une maturité d’écriture comme la vôtre. Votre histoire est bien documentée mais ce n’est pas suffisant pour faire un bon livre. La documentation nombreuse dont nous sommes abreuvés pousse beaucoup d’auteurs à écrire des livres épais, plein de détails, dont aucun ne reste dans la mémoire une fois le livre refermé. Cette littérature sans émotion abonde sur les  étals des libraires. Le vôtre présente des personnages attachants, qui ont une chair. Quelle meilleure manière d’entrainer un lecteur dans une histoire que de le laisser cheminer avec un cœur qui gonfle de page en page ? (Voilà une belle définition d’un livre page turner : Un livre page turner est un livre où le cœur du lecteur gonfle de page en page.)


Très chers lecteurs,

    Vous l’avez compris, ce livre est un livre qui marquera cette année 2017 et probablement les suivantes. Oubliez les promesses de recherche d’identité, de grande histoire dans la petite histoire, ou alors est-ce l’inverse… Ici, on ne nous raconte pas d’histoires, on nous fait un récit humain qui nous touche tous. Le récit est déployé avec précaution ; chaque détail important est regardé à la loupe.  La seule conclusion que l’on peut tirer de ce livre, une fois refermé, c’est que l’important c’est d’écrire l’oublié ; il n’y a plus lieu de s’indigner, d’accuser, de se repentir. L’important c’est d’écrire.  C’est tout un art que « L’art de perdre ». 

L'art de perdre, Alice Zeniter, Editions Flammarion, 2017


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